jeudi 25 mai 2017

Le Maître du Haut Château - Philip K. Dick

M. Childan avait beau scruter son courrier avec anxiété depuis une semaine, le précieux colis en provenance des Rocheuses n'arrivait pas. [P.K.D.]
Lecture étrange s'il en est. J'ai été submergé par cette lecture d'un autre temps, d'un temps qui n'a pas existé, d'un temps qui se situe dans un autre univers, un univers où la Seconde Guerre a eu un résultat différent de celui que l'on connaît, un univers où les alliés ont dû capituler devant les forces de l'Axe, un univers où les États-Unis d'Amérique voient leur territoire sous la domination des Japonais à l'Ouest et des Allemands à l'Est. Toutefois, cette uchronie demeure en quelque sorte à l'arrière-plan du roman où se jouent à la fois des aventures personnelles et des tractations à saveur politique, où des personnages se croisent sans se connaître, se connaissent sans jamais se rencontrer, évoluant dans ce monde nouveau qui s'invente une façon d'être dix ans après la Seconde Guerre.

Et puis, dans ce roman, on trouve un autre roman, Le poids de la sauterelle, écrit par celui qu'on nomme le Maître du Haut Château. C'est en fait le livre dans le livre, l'uchronie dans l'uchronie. En effet, ce roman, interdit dans les régions sous domination allemande, imagine un monde irréel où les Alliés auraient gagné la guerre et les peuples de l'Axe se seraient rendus. Mais, ce monde recréé dans Le poids de la sauterelle n'est pas non plus celui dans lequel nous évoluons. C'est un monde où il y aurait eu domination de l'Empire britannique sur la Russie, où une guerre se serait profilé entre le Royaume-Uni et les États-Unis, les deux gagnants de la Seconde Guerre mondiale. Un plan est mis à exécution pour se débarrasser de l'auteur de ce roman imaginé qui gêne les dirigeants nazis.

Enfin, tout au long de cette fresque hors du réel, un troisième livre attire l'attention et joue un rôle particulier dans certaines prises de décisions des intervenants et des personnages. Il s'agit du Livre des transformations, le Yi King, qui permet par le tirage d'hexagrammes de faire des prédictions, des divinations, et d'orienter ses décisions, ses choix, l'orientation de sa vie. Populaire dans les années 1960 et 1970, Philip K.Dick a d'une certaine façon fait du Yi King l'un des personnages du roman. Certains disent même que le Yi King aurait orienté l'écriture du roman, et que c'est par des choix imposés par Le Livre des transformations que Philip K.Dick a construit la trame du Maître du Haut Château.

Finalement, même si cette lecture uchronique m'aura happé pendant un certain temps, j'en sors un peu perplexe. Peut-être n'y ai-je pas trouvé tout ce que j'y espérais?

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